« Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. » (24/11/2020)



« Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois. »
 
« Existe-t-il vraiment 28 000 études qui prouvent la non-nocivité des ondes téléphoniques sur la santé, comme l'affirment Cédric O et Agnès Pannier-Runacher ? » , tel est le titre de l’article de France-Info du 22/09/2020. (1)
 
Un rapport de 190 pages a été commandité en urgence par le gouvernement, intitulé « Déploiement de la 5G en France et dans le monde : aspects techniques et sanitaires » et publié en septembre 2020. (2)
 
Ce rapport court-circuite ainsi l'ANSES, qui a été missionnée pour rendre un rapport sur le même sujet, mais qui paraitra au cours du semestre 2021, donc bien plus tard. Car le gouvernement ne souhaite pas attendre si longtemps, vu que le lancement officiel de la 5G en France a été prévu pour le 18 novembre 2020.
 
Attention, pour les technophiles invétérés, il s’agira d’une fausse 5G (jusqu’en 2023) puisqu’elle partagera, dans un premier temps, les bandes de fréquence de la 4G.
Il ne faut donc pas s’attendre à des « débits de dingues », par contre les forfaits, eux, seront certainement vendus à des « tarifs de dingues ».
 
Ce rapport arrive à point nommé pour justifier le déploiement de la 5G en France dès janvier 2021.
 
Cédric O, le secrétaire d’Etat chargé non seulement de la Transition numérique, mais aussi de monter au créneau pour justifier l’injustifiable au nom du Gouvernement, bien qu’il ne brille pas par son expertise sur le sujet, en profite pour asséner la Pensée Unique sur les bienfaits de la 5G et son innocuité.
 
Sur la base de ce rapport, il déclare le 21/09 sur Public Sénat :
« Il y a eu 28 000 études depuis 1950 dans le monde, il n’a jamais été avéré qu’il y avait des effets sanitaires des ondes téléphoniques en dessous des seuils minimum d’exposition » (3)
 
Dans son sillage, on entend la ministre déléguée à l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, déclarer le 22/09 sur France-Info :
« A ce stade, ce qu’on sait, sur la base de 28 000 études, et du déploiement dans 22 pays, des pays qui ont à cœur la santé de leurs concitoyens, les pays scandinaves, le Japon, c’est qu’il n’y a pas d’impact des ondes » (4)
 
Monsieur O fait sans doute référence à ce rapport cité plus haut en citant le chiffre de 28 000 études qui prouveraient l’innocuité des OEM, mais dans sa précipitation à lire (ou serait-ce un manque d’objectivité ?), il en oublie de le citer.
Or le chiffre de 28 000 études figure bien dans ce rapport, mais pour dire tout autre chose:
« Les connaissances accumulées ces trente dernières années relativement aux effets sur le vivant des radiofréquences sont considérables. La base de données EMF Portal, dédiée aux effets des radiofréquences, comporte plus de 28 000 études publiées en anglais ou en allemand dans des revues à comité de lecture, dont 4 600 ont trait spécifiquement à la téléphonie mobile. La production est même croissante : 1 000 articles recensés annuellement au début des années 2010 et plus de 2 000 en 2019. » (page 41) 
 
Quid de l’innocuité ? Le rapport ne fait que recenser 28 000 études. Serait-ce une tentative de désinformation de la part de M. O ?
 
Mais M. le Secrétaire O aurait pu s’appuyer sur cette autre déclaration du même rapport (page 3):
« Effets sur la santé des radiofréquences et de la 5G
Au vu du grand nombre d’études publiées depuis les années 1950, en France et dans le monde, sur les effets des radiofréquences sur la santé, il n’existe pas, selon le consensus des agences sanitaires nationales et internationales, d’effets néfastes avérés à court terme, c’est-à-dire d’effets thermiques délétères sur les tissus, en dessous des valeurs limites d’exposition recommandées par l’ICNIRP, ni dans le grand public, ni chez les travailleurs. »
 
Les sempiternelles « valeurs limites d’exposition », décrétées en 2002 sur les préconisations de l’ICNIRP, ne considèrent que les effets thermiques à court terme : voilà où on en est encore, 20 ans plus tard !
A lire : le rapport des députés européens Klaus Buchner et Michele Rivasi sur l’indépendance de la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (ICNIRP) (5)
 
Quid des effets biologiques référencés dans des milliers d’études ? Quid des méta-analyses épidémiologiques, basées sur des cas avérés de « malades des ondes », cancers and co ? RIEN !
 
Et si on regarde les fonctions des auteurs de ce rapport : des ingénieurs et des inspecteurs des mines, des finances ou des affaires sociales, autant dire des experts de la santé. Quant à leur objectivité, on peut émettre quelques doutes : le mandataire de l’étude n’est autre que leur employeur, il serait dommage de le décevoir !
Il suffit de sélectionner les études qui vont bien pour réussir… à ne rien trouver.
 
Quant aux mesures de l’ANFR, vous apprécierez notre mise à jour de la fiche RDT sur le sujet. (6)
 
Patrice Goyaud, pour le CA de Robin des Toits, le 24 novembre 2020
  
Sources :
(1)
https://www.francetvinfo.fr/internet/telephonie/5g/existe-t-il-vraiment-28000-etudes-qui-prouvent-la-non-nocivite-des-ondes-telephoniques-sur-la-sante-comme-l-affirme-cedric-o_4114497.html#xtor=AL-79-[article]-connexe
(3)
https://www.publicsenat.fr/emission/bonjour-chez-vous/invite-cedric-o-184210
(Robin des Toits - 24 nov. 2020)

Le décodeur RdT - 28 000 études selon Cédric O.pdf  (824.05 Ko)


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