Hôpital COCHIN : "Etude nationale EHS hypersensibilité aux champs électromagnétiques" : CE QUE L'ETUDE NE DIRA PAS - Février 2012

Communiqué de Presse du Collectif des électrosensibles de France



A la suite d'une gestation laborieuse de 4 ans, cette étude demandée par le gouvernement français à l'issue des Accords de Grenelle sur l'environnement, présentée officiellement le 14 février 2012, soulève un grand nombre de problèmes.

On citera dans un premier temps :

- Refus de collecte de tout marqueur biologique permettant d'objectiver la maladie et de contrôler son évolution durant la durée de l'étude, en particulier concernant les niveaux oxydatifs, nitrosatifs et d'inflammation des personnes.

- Aucune analyse permettant de vérifier les taux de métaux lourds ou de différents polluants chimiques (pesticides, solvants organiques, sulfure d'hydrogène, monoxyde de carbone ...) connus pour déclencher des hypersensibilités chimiques dont on connaît la comorbidité fréquente avec l'hypersensibilité électromagnétique.

- De même, aucun marqueurs pouvant signaler des dysfonctionnements des capacités de détoxification du corps, ni de dysfonctionnements des métabolismes de l'énergie liés à l'alimentation et à la respiration, ni d'atteinte des capacités immunitaires, ni d'analyses pouvant détecter des maladies sous-jacentes à bas bruit telles que la maladie de Lyme, les candidoses, etc

- Pas d'évaluation d'éventuelles atteintes neurologiques ni de tests permettant d'en objectiver l'ampleur.

En définitive, l'étude se réduit à trois priorités qui en biaisent par avance les résultats :

- d'une part, un recueil des symptômes décrits par les volontaires déclarant ressentir une hypersensibilité aux champs électro-magnétiques. Ce recueil des symptômes est important mais il ne s'agit que de "self-report" faute d'être accompagné de marqueurs objectifs, seuls considérés pertinents d'un point de vue scientifique.

- d'autre part, l'équipement de ces patients, pour une période d'une semaine, de dosimètres qui, contrairement à leur fonction officielle de quantifier l'exposition individuelle aux champs électromagnétiques, sont dotés de limitations techniques biaisées qui en décrédibilisent à l'avance tout résultat : pas d'enregistrement des basses fréquences liées au courant électrique (EDF) ou aux transports en commun (RATP, SNCF), pourtant considérées les plus pénétrantes - une seule radio-fréquence enregistrée à la fois, excluant toute possibilité de quantifier une exposition simultanée par deux fréquences de téléphonie, par exemple 2G et 3G, configuration pourtant courante, etc ... Contrairement à l'objectif affiché, ce dosimètre n'a pas pour fonction de quantifier les expositions aux champs électromagnétiques mais aux seules radiofréquences, qui plus est dans une approche extrêmement sélective et partielle. L'essentiel des expositions n'est pas pris en compte et la minoration massive des résultats en invalide la valeur scientifique.

- Enfin, l'annonce d'un programme d'orientation des patients vers des structures de thérapies comportementales, sous-tend l'affirmation d'un rôle causal du facteur psychosomatique dans l'hypersensibilité électromagnétique, tel qu'abondamment relayée sur les médias nationaux par les responsables scientifiques de l'étude (Professeurs Choudat et Aurengo) alors même que leur propre caution scientifique en la matière, la psychiatre Christine Mirabel-Sarron, directrice d'Unité fonctionnelle de Psychotérapie et ancienne Présidente de l'Association française de thérapie comportementale et cognitive, déclare être horrifiée de l'absence absolue de pertinence scientifique de la littérature liant l'électrosensibilité à une comorbidité psychiatrique.

En Belgique, 10 ans de traitement officiel par thérapies comportementales du Syndrome de Fatigue Chronique, considéré proche de l'électrosensibilité, ont conduit un nombre croissant de scientifiques à contester cette approche, l'amplification des tests objectifs d'inflammation, d'oxydation et nitrosatifs des patients révélant une aggravation de la maladie, ce qui soulève désormais une profonde remise en cause éthique.

L'étude nationale française sur l'électrosensibilité est placée sous la responsabilité de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP). La Directrice Générale de l'AP-HP, Mireille Faugère, diplômée d'HEC, est membre du Conseil d'Administration d'EDF.
voir : http://presentation.edf.com/gouvernance/le-conseil-dyadministration-40185.html

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Source : http://www.electrosensible.org/b2/index.php/etude-cochin/seminaire-etude-cochin-14-02-2012

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NB Robin des Toits : Le Pr Belpomme, médecin l'AP-HP jusqu'à 2010, a mis en évidence dès 2009 les marqueurs biologiques de l'électrosensibilité, qu'il a appelé SICEM (Syndrome d'Intolérance aux Champs Electromagnétiques).
Voir : http://www.robindestoits.org/_a808.html

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Voir également :

- PROGRAMME DE RECHERCHE DE L’ARTAC CONCERNANT L’INTOLERANCE AUX CHAMPS ELECTROMAGNETIQUES ET L’ELECTROSENSIBILITE - Année 2011-2012
- SEMINAIRE du 14/02/2012 - ETUDE COCHIN - Résumé et vidéo - ELECTROSENSIBLE.ORG

- Sur le Pr Aurengo : Académique-mac - Le Canard Enchaîné - 23/12/2009

Robin Des Toits
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