"L’électrosensibilité reconnue en Allemagne et en Australie" - Maison du 21è siècle - août 2013



Tous les mois, des découvertes scientifiques et des mises en garde émises par des scientifiques réputés militent en faveur de la réduction de la surexposition du public aux champs électromagnétiques (CEM), dont les micro-ondes et autres radiofréquences (RF) pulsées par les antennes et les appareils sans fil. Et le débat se déroule de plus en plus dans les arènes politique et juridique.


Comme une digue qui fuit de partout, l’industrie du sans fil est en train de perdre son contrôle de l’information (en fait de la désinformation) sur les effets sanitaires des RF. L’érosion du faux consensus sur leur prétendue innocuité est de plus en plus manifeste. De grands médias, des tribunaux, des politiciens et des médecins tendent davantage l’oreille aux alertes répétées émises par des experts réputés, que l’industrie et nos gouvernements tentent de discréditer en les qualifiant de militants et d’alarmistes. Mais le déni de la réalité a fait son temps.


Globules rouges exposées aux micro-ondes émises par un compteur intelligent. Source : www.takebackyourpower.net


Globules rouges non exposées à un compteur intelligent. Source : www.takebackyourpower.net



Bien que l’Organisation mondiale de la santé souligne l’absence de preuve directe d’un lien de cause à effet entre les CEM est l’électrosensibilité, la preuve est de plus en plus éloquente. Les premiers indices d’un effet non thermique des RF remontent à 1896. Pieter Zeeman démontre alors qu’un champ magnétique affecte la rotation des électrons lumineux, une découverte qui lui vaut d’être co-lauréat du prix Nobel de physique en 1902, rappelle le physicien britannique Denis L. Henshaw, professeur émérite de chimie à l’Université de Bristol.


Aujourd’hui, on sait que les CEM ont le même effet sur la rotation de nos globules rouges. En 1927, Ernst Muth découvre que lorsque ces cellules transportant l’hémoglobine oxygénant le corps humain sont exposées à des radiofréquences bien plus faibles que ce qui est permis aujourd’hui, elles cessent de bouger et s’agglutinent comme un collier de perles. Cette réaction défensive face  un agresseur peut être observée dans cette capsule vidéo démontrant sur l’impact de l’usage du cellulaire : http://www.emfields.org/news/20110106-blood-cells-clumping-mobile-phones.asp.


En mai 2011, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui relève de l'Organisation mondiale de la santé, classait les champs électromagnétiques de radiofréquences (micro-ondes émises par nos appareils sans fil) de « peut-être cancérogènes » (groupe 2B). Ceci sur la base d'un « risque accru de 40 % de gliome chez les plus grands utilisateurs (moyenne rapportée : 30 minutes par jour sur une période de 10 ans). » Chez les plus gros usagers (1 640 heures d'usage et plus), le risque accru était de 100 %, soit le double du risque de ce cancer du cerveau dans la population générale.


Or récemment, on apprenait que le tiers des membres du groupe de travail du CIRC qui avait étudié des centaines d’études, dont celles portant sur ce type de cancer du cerveau, estimait les preuves suffisantes pour classer les RF de « probablement cancérogènes » (groupe 2A). Le Dr Santosh Kesari, chef de la neuro-oncologie à l’Université de San Diego, estime que depuis 2011, la publication de nouvelles preuves scientifiques militent en faveur d’un tel classement.


Voici d’autres nouvelles récentes et moins récentes que j’ai retenues cet été parmi les dizaines que je reçois quotidiennement sur le sujet. Espérons qu’elles ouvriront davantage d’esprits dans les médias québécois. Notamment à Radio-Canada, dont l’ombudsman a récemment rejeté ma plainte au sujet d’un reportage de l’émission Découverte sur les compteurs intelligents qui ne rapporte que le point de vue des chercheurs à la solde de l’industrie (rappelons que celle-ci a financé 70 % des études concluant que les RF n’ont aucun effet sur la santé, selon une enquête du chercheur Henry Lai : http://www.seattlemag.com/article/nerd-report/nerd-report).


Ça bouge à l’étranger

• Le tribunal d’appel de la Cour fédérale australienne a reconnu l’électrosensibilité déclenchée par la surexposition occupationnelle aux champs électromagnétiques, même si l’EHS n’est pas un diagnostic médical officiel dans ce pays.

http://electromagneticman.co.uk/index.php/news/149-legal-acknowledgement-of-the-condition-of-ehs-in-australia


• La Cour suprême d’Israël a ordonné au gouvernement d’investiguer sur le nombre d’enfants atteints d’électrosensibilité.

http://www.dimdi.de/dynamic/de/klassi/downloadcenter/icd-10-gm/vorgaenger/version2005/alphabet/x3gbp2005.zip


• En 2005, l’Allemagne a intégré l’électrosensibilité dans sa version de la dixième classification internationale des maladies de l’Organisation mondiale de la santé (l’ICD-10), sous la catégorie  Z58 4 Elektrosensibilität. Cette catégorie regroupe les facteurs influant sur l’état de santé et le recours aux services de santé et concernant des agents physiques dont les radiations :

http://www.dimdi.de/dynamic/de/klassi/downloadcenter/icd-10-gm/vorgaenger/version2005/alphabet/x3gbp2005.zip
(cliquer sur  »ich akzeptiere » pour accepter et télécharger le document)


• Le conseil des ministres des pays nordiques (Scandinavie, Danemark et ) a fait de même en 2000.


Toutefois, ces classifications dans la liste des maladies ne se traduit pas nécessairement en l’offre de services gouvernementaux pour les électrosensibles, explique la bau-biologiste d’origine allemande Katharina Gustavs, de la Colombie-Britannique (www.buildingbiology.ca).


• Certaines municipalités agissent, comme Kunzeller en Allemagne, où le maire Petre Meinecke a permis à des personnes intolérantes aux champs électromagnétiques de se réfugier pendant quatre jours dans un bunker résistant à une explosion nucléaire : http://www.weisse-zone-rhoen.de/aktuell/berichte-meldungen/k%C3%BCnzell-flucht-in-den-bunker. L’organisme White Zone Rhön e.V. y a planifié la création de sanctuaires pour électrosensibles dans une réserve naturelle de cette région du Rhin.


• Suffisamment de preuves existent pour classer les radiofréquences de « probablement cancérogènes », selon l’épidémiologiste Devra Davis, ancienne directrice du Centre d’oncologie environnementale de l’Université de Pittsburgh et ex-conseillère du président Clinton en matière de santé publique.

http://www.huffingtonpost.com/devra-davis-phd/cell-phones-brain-cancer_b_3232534.html


• Recommandations du gouvernement australien sur les moyens de réduire l’exposition aux radiofréquences des appareils sans fil :

« Overall, the evidence suggests that the radiofrequency (RF) electromagnetic energy (EME) emissions of mobile phone handsets are not harmful to the user. However, the technology is new and it’s impossible to be completely sure there isn’t some risk. This is particularly true for children where there is little research evidence. »

http://www.arpansa.gov.au/radiationprotection/factsheets/is_Wireless.cfm


• Compteurs intelligents et effets sur la santé :

- Recours collectif contre BC Hydro : http://citizensforsafetechnology.org/;

- Recours collectif californien :



Robin Des Toits
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