Magazine GEO - 07/05/2008 : 'Les mobiles de ceux qui croient aux dangers du portable'

Nous sommes aujourd’hui 48 millions de Français sur 63 millions à vivre le portable à l’oreille. Avec un livre à paraître le 22 mai, Etienne Cendrier, lanceur d’alerte connu des opérateurs de téléphonie mobile, veut “jeter un gros pavé dans la mare” lesté de rapports scientifiques.

Le porte-parole des Robins des Toits a compilé les données récoltées par son association sur les possibles risques sanitaires des ondes électromagnétiques (téléphones portables, WIFI, antennes relais…). Quelques mois après le Grenelle de l’environnement, il pointe l’immobilisme des pouvoirs publics sur le sujet.



Pour Etienne Cendrier, qui prédit un scandale à hauteur de celui de l’amiante, choisir un titre à la forme interrogative relève de la précaution oratoire. “Je voulais éviter de faire fuir les sceptiques”, souligne-t-il. Il a conçu son livre comme “un court manuel, niveau troisième” qui expose les risques mais prodigue aussi des conseils aux utilisateurs toujours plus accros.

Si les Robins des Toits, environ 800 militants, incitent les citoyens à organiser des “sit in” pour empêcher la pose d’antennes relais, ils ne vont pas les faucher sur les toits. Etienne Cendrier ne prône pas le retour à une civilisation sans portable, même s’il n’en a pas lui même. Il réclame l’application d’un principe de précaution strict.

Des normes laxistes

La technologie mobile pourrait être inoffensive, affirme l’auteur, si l’on appliquait les normes de sécurité recommandées par les scientifiques qu’il qualifie d’indépendants. Pour être sans danger pour la santé, le taux d’émissions d’ondes des antennes doit être limité 0,6 volt par mètre pour les téléphones et un volt par mètre pour le WIFI.

Ces normes sont largement plus contraignantes que celles aujourd’hui en vigueur en France : entre 41 volts par mètre pour la première génération de portable et 61 volts par mètre pour la 3G. Elles suivent une recommandation du Conseil de l’Union européenne émise le 12 juillet 1999.

Pourquoi ne réduit-on pas les taux d’émissions ? Il faudrait démultiplier le nombre d’antennes relais, ce qui coûterait plus cher aux opérateurs. (Voir la vidéo)


Que sait-on des effets des ondes électromagnétiques sur la santé aujourd’hui ?

Il y a suffisamment de preuves scientifiques pour prouver qu’il y a un risque, explique l’auteur. Il s’appuie notamment sur le rapport BioInitiative, publié en août 2007, qui rassemble 1500 études internationales sur les ondes électromagnétiques à hyperfréquences pulsées utilisées par la téléphonie mobile.



Les conclusions des scientifiques devraient suffire, selon Etienne Cendrier, à déclencher l’application du principe de précaution. Un peu partout dans le monde, des médecins commencent à diagnostiquer certaines pathologies, maux de tête, vertiges, troubles du sommeil, palpitations… comme des allergies aux ondes électromagnétiques. En Suède, le mal dont souffrent les “électrosensibles” est reconnu comme un handicap. Les chiffres ne sont pas officiels, mais ils s’estiment à 300 000 d’après une enquête réalisée dans les années 90, avant l’explosion du secteur de la téléphonie mobile.

Quels principes de précaution peut-on s’appliquer à soi-même ?

Réponse d’Etienne Cendrier :



Quatre propositions de loi ont été déposées pour modifier la réglementation française en faveur de normes plus exigeantes, dont une en 2005, soutenue par Nathalie Kosciusko-Morizet, aujourd’hui secrétaire d’Etat à l’écologie. Mais sans effet. Lors du Grenelle de l’environnement, en octobre, le problème de la téléphonie mobile avait été examiné à nouveau, dans la catégorie des riques sanitaires émergeants. “Mais rien ne va en sortir. Tout est fait pour que le risque demeure immergé”, estime Etienne Cendrier. Dans son livre, il cite des chiffres éloquents. L’industrie des services mobiles apporte une contribution à la richesse nationale supérieure à celle de l’industrie aéronautique civile, 10 milliards d’euros contre 8,4 milliards en 2005, selon les chiffres de l’Association française des opérateurs mobiles. L’argument économique pèse plus lourd, conclut-il, que l’argument sanitaire.

Voici, en exclusivité pour GEO, des extraits du livre à paraître :

Premier chapitre : Santé et téléphonie mobile, des vérités qui dérangent
Troisième chapitre : Histoire d’une “communication” organisée
Lire aussi notre article : Pourquoi protéger nos lanceurs d’alerte ?

“Et si la téléphonie mobile devenait un scandale sanitaire ?”, Etienne Cendrier, le 22 mai aux éditions du Rocher, Collection “Grenelle de l’environnement”

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Source :
http://environnement.geo.fr/

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Commentaire Robin des Toits : L'ensemble des droits d'auteur du livre d'Etienne Cendrier sera reversé à l'association Robin des Toits.

Robin Des Toits
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