Santé | Appels-Rapports-Etudes | 06/04/2016 Dominique Belpomme, cancérologue : 70 à 90 % des cancers seraient liés à l'environnement - Télérama - 06/04/2016

Cancer, obésité, allergies, troubles du comportement… L'augmentation de ces maladies est dû, pour une très grande part, à la dégradation de notre environnement, alerte le cancérologue Dominique Belpomme. Effarant, effrayant et pourtant possiblement réversible.



9290868-14844508 Cancer, obésité, allergies, troubles du comportement… L'augmentation de ces maladies est dû, pour une très grande part, à la dégradation de notre environnement, alerte le cancérologue Dominique Belpomme. Effarant, effrayant et pourtant possiblement réversible.

Quelle est la part des facteurs environnementaux dans l'augmentation persistante des cancers ? Quel rôle peut jouer l'écologie dans la médecine contemporaine ? Depuis plus de dix ans, le cancérologue Dominique Belpomme, ancien membre du « Comité cancer » de l'Assistance publique, et aujourd'hui directeur de l'ECERI (Institut Européen de recherche sur le cancer et l'environnement) à Bruxelles, alerte sur les liens entre santé et environnement. Dans son nouveau livre, qui paraît le 6 avril, Comment naissent les maladies (éd. Les liens qui libèrent), il élargit plus encore le spectre de ses recherches et appelle à une mutation profonde de notre système de santé (et de pensée !). Car aujourd'hui, affirme-t-il, il n'y a plus de doute concernant l'origine environnementale de la plupart des maladies modernes, qu'il s'agisse du cancer, de l'obésité, des allergies, des troubles du comportement ou de pathologies émergentes comme l'électrohypersensibilité…



Un rapport de l’OMS, publié en mars dernier, évalue à 12,6 millions le nombre de morts dûs à la pollution de l’air, de l’eau, des sols, ainsi qu'aux substances chimiques et au changement climatique. Prend-on aujourd’hui la mesure du rôle de l’environnement dans les maladies contemporaines ?



L'OMS avait déjà publié un rapport attribuant 10 % de la mortalité par cancer à la pollution atmosphérique. Ils sont donc sur la voie de la pollution atmosphérique, de même que sur celle de la pollution nosocomiale (où des facteurs microbiens, développés dans des établissements de santé, sont à l’origine des pathologies). Mais une fois de plus, l'OMS a du retard, il s'agit de généralités que nous connaissons depuis plus d'une dizaine d'années. Encore faut-il en préciser les détails.

Comment cela se répercute-t-il sur l'homme, pathologie par pathologie ? Les réponses tiennent dans une nouvelle façon d’aborder la médecine, sous-tendue par ce nouveau paradigme environnemental. J'ai d'abord pris le cancer comme modèle [voir l'Appel de Paris, « Déclaration historique sur les dangers sanitaires de la pollution chimique », présenté le 7 mai 2004 à l'Unesco et Guérir du cancer ou s'en protéger, Dominique Belpomme, éd. Fayard, 2005, NDLR], pour expliquer que, contrairement à la thèse classique, l'origine des cancers ne relève pas seulement d'une modification des facteurs de risque liés aux modes de vie, au vieillissement, ou bien encore aux progrès médicaux dans le dépistage. C'est l'arbre qui cache la forêt !

Si dans les vingt ans à venir, on prévoit 22 millions de cas de cancers par an, c'est, de façon prédominante, dû à une dégradation de l’environnement. Le tabagisme est certes un facteur de risque, mais les véritables causes sont les substances cancérigènes qui se trouvent dans les goudrons du tabac et les fumées. Notre estimation vient d'ailleurs d'être confirmée dans la revue Nature : 70 à 90 % des cancers seraient liés à l'environnement.

Nous sommes face à une pathologie qui fait intervenir trois types d'agents, physiques, biologiques et chimiques (dont, notamment, les pesticides). Une classification que nous retrouvons pour la plupart des maladies, y compris pour l'Alzheimer qui n’est pas une maladie de la vieillesse, contrairement à ce qu'on dit, mais pour laquelle on retrouve le même modèle que le cancer, avec l'intervention de ces différents agents.



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