Défenseur des parents d’élèves, militant engagé contre les risques des ondes électromagnétiques, Emmanuel Denis a débuté sa carrière politique en 2013. Sept ans plus tard, le voilà maire de Tours.
La scène se déroule le 7 juin 2017, place Jean-Jaurès. Coiffé d’une perruque à la Trump, portant la cravate aux couleurs du drapeau américain, Emmanuel Denis met l’ambiance. Difficile d’imaginer que le boute-en-train, déjà à l’œuvre avec ses Lascars d’or - une cérémonie ironique récompensant les projets les plus inutiles - deviendra trois ans plus tard maire de la plus grande ville de la région.
À 48 ans, l’ingénieur de chez STMicroelectronics, marié et père de trois enfants, a pourtant réussi un coup de force, dimanche soir, en devançant nettement la liste du maire sortant, Christophe Bouchet (54,94 contre 45,05 %).
Les tournants de 2014 et 2017
Encore jeune en politique - son adhésion à Europe Écologie Les Verts (EELV) remonte au début 2013 -, Emmanuel Denis récolte les fruits d’un engagement associatif débuté dans les années 2000. Avec la casquette de coprésident des parents d’élèves FCPE, il se bat contre les fermetures des collèges Pasteur et Paul-Valéry ; avec celle de responsable départemental de l’association Robin des toits, il ferraille contre les implantations d’antennes-relais. Ses actions sont médiatiques, son style nouveau. Emmanuel se fait un nom. « Il est très énergique, très disponible », dit de lui David Chollet, ancien d’EELV.
En 2014, le militant devient homme politique. Tête de liste aux municipales, son score (11,30 %) lui permet de sceller un accord avec le sortant Jean Germain. Le poste d’adjoint à l’éducation lui est promis en cas de victoire. On connaît la suite. Serge Babary prend la mairie et Emmanuel Denis devient son opposant numéro 1. Opiniâtre et bon connaisseur des dossiers, il multiplie les interventions au conseil municipal, à la Métropole. Parfois dans un style chien fou qui dénote.
Le deuxième tournant se déroule en 2017 avec la création des Cogitations citoyennes, large rassemblement en dehors des partis et base de lancement pour un objectif : la conquête de la mairie en 2020. Emmanuel Denis creuse son sillon, participe aux réunions de l’automne 2019 pour une fusion à gauche, avant, faute d’accord, de se lancer seul.
Nouveau style
En parallèle, son style change. Le discours prend davantage de hauteur, le code vestimentaire se normalise. « Il a su faire évoluer son image de trublion vers celle d’un homme plus strict », remarque David Chollet.
Ayant réussi à attirer les principales forces de sa gauche autour de lui, Emmanuel Denis a fini par s’imposer comme le leader naturel : « En réunion, il écoute beaucoup, parle peu avant de réussir à trouver la synthèse et à fédérer, souligne son colistier Philippe Geiger, patron des Verts en Indre-et-Loire. Il sait aussi s’appuyer sur les autres, une qualité qui s’explique par son poste de cadre en entreprise. »
Vendredi soir, Emmnanuel Denis deviendra maire de Tours et prendra la direction d’une « maison » de près de 2.000 agents. « Cela risque d’être difficile au début, il manque encore d’expérience, ajoute David Chollet. Il devra gagner encore en solennité et être un peu moins malicieux. »
Bye-bye le costume de Trump. Place à celui de maire. Moins rigolo et beaucoup plus lourd à porter.
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Source : https://www.lanouvellerepublique.fr/tours/municipales-a-tours-emmanuel-denis-le-robin-des-toits-arrive-au-sommet